Jusqu'au 30 août était organisé un concours d'écriture autour des fans fictions : félicitations à Benjamin BRACHET (que vous pouvez suivre sur Instagram @jcqs.bnjmn !), pour sa nouvelle intitulée "Joker year one". Il remporte un bon pour une séance d'atelier d'écriture ainsi qu'un lot offert par GameCash Moulins !
Découvrez son texte ici !
Il deviendra le plus grand ennemi de la justice que le monde n’a jamais connu...
30 NOVEMBRE
La nuit... La lumière naturelle danse avec la nouvelle lumière... Pis, les néons éclipsent les stars... Je ne suis pas encore sur le devant de la scène, mais les projecteurs sont déjà braqués sur moi... Heureusement, ils ne m’aveuglent pas... La pluie tombe à flot ici... Que des souvenirs... Cette eau qui dégouline sur mon corps de mort-vivant... Est-ce mes larmes quand je voyais ma mère prendre des patates par mon paternel... Ou est-ce celles de ma mère quand elle me voyait manger des tartes au citron de mon daron ? Oh, malheureuse mémoire... Je ne vous souhaite guère d’avoir la même chose que moi... Heureusement, cela n’est goutte du sang... J’ai entendu dire que cette ville fait son grand nettoyage de printemps... Un homme chauve-souris... Ou une chauve-souris humaine... Je ne sais plus... Je ne suis que de passage à Gotham... Rire... Ou ne pas rire... Telle est la question... C’est ce que je fais depuis presqu’un an... D’aller de ville en ville... Il n’a rien à craindre de moi... Enfin... Non, je dois me concentrer sur mes blagues... Mais, comment faire ? Ce capharnaüm de phares... Leurs lumières lucifériennes m’éblouissent... Ah ! les sons de la ville sont sonores... Je n’arrive plus à m’entendre... Je suis déphasé, désaxé... Des ombres me bousculent... Leur voix ombrageuse m’envoie du venin vert au visage... C’est encore pire que je croyais... Je veux sortir de cet enfer dantesque...
— Ah, vous êtes là ! J’ai cru que vous nous avez posé un lapin, me dit une voix. Rentrez donc. On vous attend... Au fait, c’est quoi déjà votre nom de scène ?
— Joe...
— Joe ? Ce n’est pas un nom de scène, ça. Vu votre allure, je vais vous présenter en tant que le Joker, ça vous va ?
— Oui, dis-je, bien que cela ne me plaise guère.
Il n’a pas tort... Joe n’a jamais faire rire qui que ce soit... Mais, aurais-je dû dire Jerome, Jeremiah, Jack ou Arthur... Arthur... J’aurais pu prendre comme nom de scène le Roi Arthur... Mais, je me couronnais de lauriers avant même d’être sur le trône... Et vu que j’en suis... J’en suis à combien déjà ? Je crois que j’ai arrêté de compter au bout de trois villes... Et puis, il n’a pas tort... J’ai une allure de bouffon que de roi... Qui me prendrait au sérieux ? Personne... Pas même Ulysse... C’est ça... J’aurais dû me présenter sous le nom de Personne... Mais, c’est trop tard...
— Ladies and gentlemen, cette année pour la première fois à la soirée One Man Show de notre splendide bar, Le Poulet Déchaîné, nous recevons un jeune comique qui nous vient de très loin. J’ai nommé... Le Joker.
Voilà... Le glas a sonné... Soit ils me fusillent sur place... Soit ils me présentent des fleurs...
— Hm...hm... Bonsoir... Hier... je me baladais dans un parc... Et pendant cette balade, je suis tombé sur une femme... Elle était belle de dos... mais de face c’était horrible à voir... Alors, je lui dis :
« Tu es comme l’eau en Afrique.
- Tu veux dire que je suis rare ?
- Non, pas potable. »
Aucun rire... Des morts-vivants... Avec un air si sérieux... Pourquoi cet air si sérieux, me disait souvent mon père... Ou ma mère... Je vois que leurs poils s’hissent... Ils s’hérissent même...
— Quelle est la différence entre une banane au sol et... Non, pas ça... Un prêtre entre dans un bar et prend un verre. Buvant cul sec, il déclara :
« Je veux me confesser, mon père.
- Mais, mon père, vous êtes le seul prêtre dans ce bar, lui dit le barman.
- Non Monsieur, vous péchez... Il y a votre miroir. »
Des rugissements d’animaux... Certains partent sans un mot, le regard toujours aussi sérieux et serpentin des élites... D’autres criaient aux armes contre le patron du Poulet Déchaîné... Un seul homme... Un Canadien... Il n’était que de passage... Où sont passés les sirènes ? Regarde, il est rempli d’haine, ce bûcheron... Il m’avait jeté une tomate... Il aurait voulu le faire avec sa hache... Ce rouge... Que des souvenirs... Est-ce mon vieux ? Ma mère ? Ma tante ? Ma femme ? Moi ? Qui m’a mis des tartes ? Qui ai-je tartiné ? Ma mémoire me joue des tours... Pourquoi ai-je déjà une fleur remplie de toxine ? Oh, mais oui... Je m’en souviens maintenant...
— Va te crosser, câlisse de tabarnak !, me dit le Canadien qui s’avère être un Québécois finalement.
Je ris... Je ris... Mon corps se tord de rire...
— Bien sûr, je vais m’en aller... Mais avant de partir, j’ai un cadeau pour toi, mon chou, dis-je avec le sourire aux lèvres.
Je le parfume de ma toxine... Il crie de douleur... Sa peau change de couleur... Il est d’une splendeur très pastel... Son corps se tord de rire à merveille... Il rit haut en couleur avec un sourire des plus merveilleux... Comme un camélia sur le point de mourir... Les autres ont peur... Ils sont effrayés par mon effrayant chef-d’œuvre... Ils tentent de s’enfuir... Merde, ma toxine n’est pas à longue portée... Oh, mais j’ai un jouet à longue portée... Mon gargantuesque pistolet fera l’affaire... Depuis la scène, mon spectacle est succulent... Les hirondelles tombent comme de la pluie rouge bordeaux... Des petits drapeaux germent de leur corps... Bang... Bang... Bang... Je meurs de rire... Ou plutôt ils sont morts de rire... HAHAHAHA...
— Pour que les fleurs poussent, il faut les arroser ! Et quoi de mieux qu’une fleur pour leur donner le sourire à ces cadavres exquis... Quelle hécatombe ! J’ai toujours rêvé de me promener dans les catacombes... On dirait du Picasso... ou du Dali... N’empêche, ce public a du bon goût en matière de chef-d’œuvre... Je vais rester un peu plus longtemps ici... Elle commence à me plaire cette ville... Regarde autour de moi tous ces gens qui m’aiment... HAHAHAHA...
« Hé, Edgar, tu as une sale mine, dis-je avec mes marionnettes morbides.
- Je ne te fais pas dire, Eric ! Ma femme ne veut plus coucher avec moi.
- Et tu as pensé à la jeter par-dessus un pont ?
- Non, pourquoi ?
- Ça t’enlèvera un poids... HAHAHAHA... »
— Ce n’est pas assez... Il faut que j’améliore la recette si je veux empoisonner le réservoir de Gotham... Oh, j’allais oublier ! Il faut laisser une carte de visite, mon cher.
Mais oui, mon cher ! J’entends le chant des sirènes. Il faut qu’ils sachent qui est le metteur en scène de toute cette divine comédie... Il m’a appelé comment déjà ? Ah, oui ! Le Joker... J’approuve... C’est un meilleur nom de scène pour une ville qui est le terrain de jeu d’une chauve-souris humaine. A moins que c’est l’inverse...
Joker : Année Un
A Frank Miller et David Mazzucchelli